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6 mai 2013

Pitt-stop au dépan


Hier, moi et mon homme on s‘tapait une petite ride de vélo dans notre Saint-Hubert familial, et avec le chaud soleil, sans aucun vent, la question s’est vite fait entendre : « on s’pogne-tu une slush papa? ». On s’est donc arrêtés avec plaisir dans le quartier où on étaient rendus dans un dépanneur miteux, pour prendre un popsicle, faute de slush. On s’est ensuite assis dehors à l’ombre, par terre devant le dépan, pour manger ça avant que ça fonde, et on là a eu droit à un show des plus magnifiques.

Je vous suggère fortement d’essayer ça un jour : rester assis 15 minutes devant un dépanneur cheap de quartier. Les vrais là, tsé ceux tenus par un chinois, avec des pancartes de budweiser décolorés par le soleil dans les vitres pis un air climatisé qui fait vraiment trop de bruit, vous voyez le genre… Vous avez juste à pogner de quoi de cheap pis de pas trop risqué à manger, un popsicle aux bananes par exemple, pour passer incognito. Et là, c’est le défilé du pas-de-classe québécois.

Y’a eu d’abord la grosse madame avec des tresses dans un vieux char rouillé, en pantalon mous par une chaleur avoisinant les 28 degrés, qui est venu chercher un gros sac de chips, un de crottes aux fromages, pis un 4-pack de sangria el-cheapo. On sentait qu’une grosse soirée en tête à tête se préparait pour écouter ses programmes…

Ensuite les deux jeunes yo dans un genre d’affreuse Civic remontée avec des casquettes à large palette, avec leur style hiphop liché et un peu de bling-bling cheap, qui sont venu se chercher un paquet de cigarette et un 6 pack de coors light. Tsé, des thoughs... Ils était bin beau à voir, ensembles, habillés presque pareils, un peu trop complices… Tellement que j’me suis dit qu’un des deux dvait être gai sans que l’autre le sache… Y’a surement dû avoir une surprise le soir quand le six pack a fessé…

Y’a eu aussi le mononcle crasse. Tsé le gars qui semble sorti tout droit d’une shop, qui a toujours l’air de finir son shift de l’usine, même si on est dimanche. Lui, y’a débarqué de son pick-up déglingué avec sa barbe de 3 jours pis une casquette sale, laissant marcher l’air climatisé, pis y’a pitché sa cigarette par terre même pas éteinte à deux pieds de nous autres, et est allé s’en chercher un autre paquet, un journal, pis un red bull. Un homme. Un vrai.

Y’a évidemment eu aussi la madame pas trop chic qui fait surement du camping saisonnier, qui est venu chercher en gougounes son 2 litres de pepsi et valider ses gratteux Loto-Québec. Le genre de madame que le tenancier chinois appelle par son prénom...

Sans oublier les enfants pas propres du voisinage qui sont venus se chercher un popsicle en bicycle pas de casque, avec juste assez de p’tit change, et qu’ils ont mangé en réenfourchant leur monture pendant que le dit popsicle dégoulinait partout sur eux.

J’sais pas si c’est parce que cette ambiance me rappellerait trop les dépanneurs de mon enfance à Verdun, mais sérieusement, j’avais hâte que mon gars finisse son popsicle pis qu’on décâlisse...