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16 avril 2013

Le temps mort


Plus on vieilli, plus le temps semble passez vite, c’est connu. Je me rappelle de mes étés d’enfance, où j’avais l’impression que deux mois en duraient six. Une soirée en famille ou entre amis, c’était comme une fin de semaine. Une année d’école, ça c’était looonnnggggg. Et ironiquement, tous ce que je souhaitais cet âge là, c’était que le temps aille le plus vite possible; pour grandir, avoir plus de droits, ou que ma fête arrive enfin. Si seulement j’avais su… J’aimerais parfois pouvoir aller dans le temps me sacrer une taloche en arrière d’la tête… (comme pour les fois où, ado, je ne mettais pas ma tuque l’hiver… mais ça c’est une autre histoire).

Ce midi j’étais sur le coin d’une rue, où le feu de circulation venait de passer au rouge, et je me suis surpris à presque prendre mon iPhone dans ma poche, question de passer le temps en attendant la lumière verte. Pathétique vous me direz! Mais je me suis retenu, surpris par moi-même, alors qu’une honte gênante m’envahissait rapidement. Je me suis senti comme Frodon (Le Seigneur des anneaux), qui luttait à se retenir de sortir son anneau maléfique de sa poche et de le glisser à son doigt. C’est là que j’ai réalisé que non seulement je suis accro à cette maudite bébelle, comme bien des gens, mais aussi et surtout que des temps morts, ça n’existe presque plus pour moi.

Que je sois au toilettes, au terminus d’autobus, en train de déjeuner, et maintenant debout au coin d’une rue, j’ai toujours quelque chose à lire, à visionner, un message à envoyer, ou un jeu auquel jouer. N’importe quoi pour me faire tourner la tête, me stimuler les neurones inutilement, et me fatiguer les yeux. C’est pas un peu débile ça?

En plus, je me donne l’impression qu’ainsi je « rentabilise » mon temps. Mais je le sais très bien que c’est pas tout à fait vrai… Est-ce vraiment rentable de passer des heures par semaine sur Facebook, Cyberpresse ou Candy Crush? On peut en douter. Et du coup, c’est quoi le vrai besoin de rentabiliser ce peu de temps? J’suis si dans le rouge que ça? La vérité c’est que je ne sais plus bien vivre ces petits moments qui me sont offerts, tout en me plaignant que je n’ai plus le temps de rien faire… Hé misère.

Je prends aussi conscience que je ne m’arrête même plus pour regarder passer le temps. J’me souviens plus c’est quand la dernière fois que j’ai vraiment rien fait, juste pour le plaisir. Le iPhone n’est jamais bien loin, sinon la télé ou l’ordi. Faut dire qu’il est maintenant étrange de pouvoir associer « plaisir » et « rien faire », c’est presque un non sens aujourd’hui. C’est si facile de se trouver quelque chose à faire, quand t’as le monde entier au bout des doigts… (et là j’parle pas de se donner du plaisir, j’espère que vous me suivez toujours…)

Au moment d’écrire ceci, je paierais cher il me semble pour qu’une seule soirée me semble infinie, qu’une fin de semaine me semble une année… mais surtout que je puisse réapprendre à en savourer chaque minute de libre.

Bonjour, je m’appelle Luc, et je suis en manque… de temps.

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