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18 décembre 2015

Muslix After Hour

Y'a deux jours je r'venais d'un petit party de noël ben sympathique dans un pub entre collègues, et y'étais environ 22h. Je venais de me taper une heure d'autobus et de transit, j'avais froid et j'étais fatigué. J'avais aussi surtout faim parce que je j'avais pas avalé grand chose depuis un bon moment.

Je rentre donc chez moi, et évidemment tout le monde est couché. Je me dirige vers la cuisine en catimini avec l'intention de me faire un p'tit goûter avant le dodo. Je cherche un peu et, ne voulant pas faire de bruit, je finis par me résigner à enligner la tablette des céréales; un classique. Je tasse les céréales pour enfants, du genre Froot Loops, Mini-Wheats et Rice Crispies de noël, et me rend compte que le seule choix potable qui me reste, c'est des superbes "Muslix Croustade de pomme". Hé ciboire...

Quelle esti de fin de soirée poche, hein?! Me voilà en bobette, pis pas mes plus belles en plus, tout seul dans ma cuisine, dans la presque obscurité, à manger mon bol de céréales. Un beau grand criss de bol de graines molles. Parce que des Muslix ça l'air croquant comme d'la gravelle quand ça sort d'la boîte, mais hé que ça reste pas dure trop longtemps une fois que t'as mis du lait dedans!  Pis ça absorbe c't'affaire là! D'la vraie litière... La première tasse de lait que j'ai versée, et que je voyais très bien, a complètement disparu en dix secondes toé. J'me suis dit "criss, y'a un trou dans l'bol esti". J'ai regardé  en dessous, rien pantoute. J'ai donc mis une deuxième tasse de lait, pis là ça flottait pas pire. Une genre de texture de vomi, tsé. Mou mais consistant; des valeurs qui me tiennent à coeur.

Pour me changer les idées, j'me suis mis à lire ce qu'il y avait d'écrit sur la boîte. Criss, c'était pas mieux. Juste des informations nutritionnelles vantant le mérite des fibres qui me laissait sous-entendre que j'allais chier mou le lendemain matin. De mieux en mieux... Et c'est là que j'suis  tombé sur une information cruciale. Ce p'tit criss de bol de bouette là allait me fournir 40% de ma portion quotidienne recommandée de manganèse. C'est quoi ça, du manganèse tabarnack? Quessé que ça me donne de savoir ça? Y'a tu déjà quelqu'un qui s'est fait dire qu'il manquait de manganèse? Moi j'suis sûre que c'est une joke d'initiation dans le labo de recherche; les plus vieux ont demandé à un nouveau d'analyser ça, pis la gang était plié en deux quand y'ont lu ça sur la boite le lendemain. L'équivalent en audiovisuel de demander au stagiaire d'aller te chercher une boîte de "color bars" dans l'entrepôt.

Pis tsé, j'sais pas où est-ce qu'ils ont mis la croustade au pommes dans la boîte, parce que ca goûtait juste le foin pis les noix. Des fibres avec d'la texture. Tsé, d'la croustade aux pommes dans ma tête ça vient avec d'la chaleur pis du bonheur. Là, à mesure que je mangeais, grelottant en sous-vêtements, je déprimais et j'remettais tout mon système de valeurs en question. J'me disais qu'à ce moment précis, dans tout l'univers, y'avait surement personne d'autre d'aussi malheureux de manger.


16 décembre 2015

Devil's Food et camion de pompier



Me r'voilà tu pas à l'épicerie toé par un beau samedi après-midi. Rien de mieux à faire visiblement, y fait frette pis y'a pas de neige. Tsé quand t'as une vie sociale bien remplie... J'ai même passé la tondeuse sur les feuilles mortes que j'avais pas encore ramassé, question de prendre l'air pis de faire la job que j'étais trop lâche pour faire cet automne. Elle était tout folle d'aller faire un tour sur la pelouse dehors en décembre. J'parle évidemment de la tondeuse, pas de ma blonde. Ça faisait drôle de passer la tondeuse avec ma tuque, c'est une première. J'avoue que j'aime ça, le bruit des feuilles séchées qui se déchiquettent sous la tondeuse. C'est écologique et violent, des valeurs qui me tiennent bien à coeur. 

Au centre d'achat, c'est la folie des fêtes, donc pas trop invitant tellement y'a du monde, sauf si t'as vraiment envi de tester ta patience. Aussi bien aller faire l'épicerie, que j'me suis dis. D'ailleurs, je commence à m'y sentir comme dans ma deuxième maison, tellement j'y passe du temps et que j'y dépense de l'argent. D'ailleurs, l'autre jour, dans la salle de bain près des caisses, j'ai laissé ma brosse à dent.

Pour une fois, dans l'épicerie, rien d'étrange à signaler. Même pas de musique de noël. La Sainte-Paix. Par contre, y'a des comptoirs de dégustations avec des vieilles madames au quart de tour, pis y'a des clients qui se bourre la face solide. Le plus drôle c'est de voir les tout croches en "patalon de jogging" goûter les bouchées de rillette de confit de canard sur des biscuits Bretons, et faire semblant de réfléchir à savoir si c'est vraiment assez bon pour en acheter en sachant que c'est trop cher, pis finir par s'en aller avec un paquet de "baloné au cerises" pris dans le comptoir juste à côté.

Je fais donc mes p'tites affaires, j'remplis mon panier tranquillement. J'arrive un moment donné dans une des allées les plus étranges, soit celle de la sauce à spag, du thon en canne pis des mélanges à muffin; toutes des affaires qui ont rien à voir ensemble. J'arrive donc près des trucs à dessert, pis j'me dis que ça serait bon un beau gâteau au chocolat. Je mets mon panier sur le park, en face des assiettes d'aluminium où y’a jamais personne, et je m'installe pour prendre mon mélange à gâteau.  Juste comme je tends la main vers un paquet, je réalise alors que ça va être légèrement plus compliqué que prévu.

Non mais y'en as-tu des crisses de sortes de mélange à gâteau au chocolat?!  Y'a le "Devil's Food", le "Dark Chocolat Fudge", le Milk Chocolat, le Swiss Chocolat, le German Chocolat, le Gluten Free, le Super Moist Chocolat, le Super Moist fondant au chocolat, et sans oublier, le Super Moist Triple Chocolat Fudge.
Non mais pourquoi autant de choix? Me semble qu'un bon gâteau au chocolat, ça devrait tout le temps goûter pas mal pareil, non? Genre, je sais pas moi, le chocolat? C'est quoi l'esti de différence entre du Super Moist fondant et du triple fondant!? À quel point a-t-on besoin que ce soit si fondant? J'imagine que vous allez dire que ça dépend, que y'a un type de gâteau pour chaque type de personnalité. Mais si c'est ça, je fais comment moi pour savoir quel osti de gâteau match avec ma personnalité à moi? Pis là, ça m'a frappé de plein fouet; c'est quoi au juste, "ma" personnalité? Qui suis-je? Qui deviens-je? Où vais-je je?

C'est pas mêlant, j'ai tilté. J'ai cassé. Mon cerveau a pogné un blue screen, pis le reboot a parti tout seul. J'pourrais pas dire combien de temps j'suis resté là à fixer les estis paquets de mix à gâteau. J'suis revenu à moi parce qu'une madame s'excusait pour pouvoir passer dans l'allée avec son gros criss de panier modifié en char de pompier, avec ses deux enfants assis en-dessous sur un rush de dégustations de beignets qui tapaient sur leur stearings pour essayer de faire crier le klaxon défoncé ben raide depuis 1982. Belle invention de marde ces paniers-là by the way; à notre IGA y'en a un rouge, un bleu pis un vert.  Je me souviens que quand les gosses étaient petits, la chicane pognait tout le temps à peine entrés dans l'épicerie pour savoir quelle criss de couleur de panier on allait choisir. En plus d'la guerre parce que y'avait toujours un des deux criss de stearings de pété. Pis ça faisait pas deux minutes qu'on était entrés qu'ils débarquaient pis je me promenais seul avec le truck de pompier, ayant l'air d'un imbécile qui s'ennuie de ses Hot Wheels.

Finalement, pour revenir à notre histoire, j'ai jamais réussi à choisir mon gâteau, j'étais trop angoissé. Qu'a mange d'la marde, Betty Crocker! J'ai fini par me pogner une tarte au citron toute faite dans le rayon des surgelés. D'la croûte dure, du pouding au citron fluo pis d'la meringue qui a l'air du plastique. Simple et chimique; des valeurs qui me tiennent bien à coeur.

7 décembre 2015

Les trois fantômes de Noël au IGA

M'en allant à l'épicerie de bon matin, j'écoutais du bon gros rock sale, le cœur léger. Le ciel était gris mais l'humeur était quand même là. Quelques minutes et deux lumières rouges plus tard, j'me stationne près du rangement à panier comme d'habitude; c'est mon "sweet spot". Je mets ça sur le park, je sors mes sacs d'épicerie, et me dirige clopin-clopant vers le hall d'entrée. Un vrai gai-luron, tsé... Les portes automatiques s'ouvrent de chaque côté, je fais deux pas vers l'intérieur et paf! Mon monde s'écroule.

Évidemment ces temps-ci c'est le retour de la musique de noël dans les magasins et épiceries. Sauf au Dépanneur Mon Ami, à quelques coins de rue de chez moi; le proprio, Monsieur Bow, et sa douce moitié, madame Ling (hé hé), n'ont jamais l'air trop dérangé par notre temps des fêtes. Mais ce qui me frappe de plein fouet ce matin en entrant à l'épicerie, c'est pas la musique habituelle du CD de tounes de noël en vente dans tous les bons Rossy. Ne non; ils ont sorti le gros kit à matin, y'ont décidé de nous gâter solide: ce que j'entends, c'est du violon. Beaucoup trop de violons. En fait, y'a tout l'Orchestre des p'tits Violonneux de Saint-Ciboire, avec leurs tuques blanches pis leurs chandails rouges, venus nous réciter, à mon grand désespoir, les classiques du temps des fêtes au violon. Cibole.

J'ai rien contre le violon comme tel, c'est un bel instrument noble et rustique. Mais le violon du style "j'ai commencé mon cours en septembre pis là je me produis devant le public du IGA pris en otage", c'est autre chose. Pis c'est pas comme pour le p'tit vieux avec le chapeau croche qui vend des épinglettes de l'Armée du Salut à la sortie de la place, avec qui le malaise est vite passé. Là, je savais que j'en avais pour un bon vingt minutes à remplir mon panier tout en écoutant un massacre de nos classiques des fêtes joués un demi temps trop lent.

Le temps que je fasse la section des fruits, des croissants, des charcuteries pis l'allée des boulettes de viandes congelées, je m'étais déjà tapé "Frosty the Snowman", "Jingle Bell Rock", "Le sentier de neige", pis la toune que t'as le goût d'entendre juste le matin de noël, pas avant ni après, "Joyeux Noël et Bonne année".

Tout d'un coup, silence, ça s'arrête. Y prennent un break? Yé! Juste comme je commence à penser que je vais être bon pour finir mon épicerie tranquille pis que je m'enligne vers l'allée des pains et céréales, ça se met à applaudir toé. Un torrent d'applaudissements à tout rompre. La foule en délire. Criss, arrêtez-moi ça tout de suite bande de clowns, ça va les encourager pis ils vont recommencer les petits maudits! Comme de fait; ça fait pas 5 secondes pis les Petits Violons Désajustés de Sainte-Perpétue repartent ça rien que sur une gosse avec "Vive le vent" dans le tapis. Pis le plus beau, c'est que y'en a un dans la gang à qui y'ont donné une cymbale pour imiter des grelots, pis y doit être content en criss parce que y'a swingue sa cymbale toé! Hé monsieur... On a pu l'impression d'être en carriole dans les vallées enneigées; là on descend l'Everest sur une luge pas de breaks avec les grelots d'la tuque qui revolent aux quatre vents!

Deux minutes passent, le temps que je me rende dans le coin des chips, pis la toune finie. La même bande de zouaves applaudissent, mais là en plus j'croise tu pas une maman qui essaie de faire taper des mains son p'tit mousse de quelques mois assis en avant du panier pis d'y faire dire "encore", alors que visiblement tout ce qu'il sait faire c'est de baver sur le barreau du panier pour se faire les dents. Belle cruche...

J'finis quand même par compléter ma liste d'épicerie dans la joie et l'allégresse, puis je passe à la caisse, la tête remplie de cantiques pis d'un peu d'agressivité passive dans mon coeur. Une fois le tout payé, je quitte vers la sortie, pis je vois tu pas deux grandes ados qui tiennent des canisses pour ramasser du change pour la Fondation des Violons malheureux de St-Jean des Misères. Je réalise à ce moment que non seulement j'ai enduré le supplice pendant vingt minutes, mais je vais devoir payer en plus pour le show. Pis pour s'assurer que tu vas donner, ils ont mis la plus mignonne de la gang des violoneux juste à côté de la porte, avec sa tuque de noël pis ses tresses qui dépassent. Résigné à mon sort, je sors mon portefeuille et je réalise qu'il me reste juste un dollars, parce ce que je paye toujours avec mes cartes. Je passe donc devant les filles, je mets ma grosse piastre de cheap dans le trou de la canisse qui en tombant tout au fond résonne magnifiquement pour indiquer à tout le monde aux alentours que j'ai crissement pas été très généreux, et je sors enfin, en regardant par terre, pour regagner ma voiture, plus pauvre et mélancolique.

Une fois le stock rangé et assis derrière mon volant, je réalise alors que contrairement au Ebenezer Scrooge de Charles Dickens, j'ai commencé la journée heureux et serein, pis que là, grâce à l'Esprit de noël, je suis assis dans mon char, je file cheap et j'ai le cœur amer. Maudits violons à marde!



29 septembre 2015

Facebook est “down”; micro-panique



Hier, semblerait-il pour la 2e  fois en une semaine, les serveurs de Facebook sont tombés en panne vers 15h. Du moins, on n’y avait plus accès, autant sur web que sur mobile. La panne a duré environ une heure. J’étais allé pour « poster »  je ne me souviens plus trop quoi, quand je suis tombé sur la fameuse page disant : « Sorry, something went wrong ».


Diantre! Que je me suis dit... Comment ça « something went wrong »? C’est le genre d’affaire que tu dis quand t’as mélangé les couleurs avec le blanc dans la laveuse et que ta blonde te fusille du regard avec sa belle blouse blanche devenu rose…

Savez-vous ce qu’a été mon premier réflexe? Je me suis dit : hé bien, j’dois communiquer cette information vitale au monde entier! Et là, mon cerveau a gelé. Y’a eu comme un petit « spark ». Ça a pris 5 secondes pour qu’il « reboot ». Je réalisais que c’était assez ironique comme situation : comment dire à tout le monde que Facebook est gelé, si Facebook est gelé!!! Vous allez me dire « mais Luc, tu aurais dû utiliser Twitter! ». Mais je n’aime pas Twitter. J’ai un compte, et l’ai essayé au moins 3 fois, mais je n’accroche pas. #lescrissdehashtagcamenerve.

Je m’imaginais à ce moment être un opérateur de télégramme de la Western Union Telegraph Company dans une petite cabine isolé sur le bord d’un chemin de fer de Salt Lake City, à qui son patron, basé à San Francisco, aurait donné comme indications « Si jamais les indiens attaquent, envois un télégramme pour nous prévenir» et que bien sûr, les indiens ayant une longueur d’avance en communications avec leur système de signaux de fumées, aurait pris la précaution de couper le fil du télégramme avant d’attaquer. Vous imaginez l’angoisse du pauvre télégraphe, seule avec sa petite machine? Ça devait taper des S.O.S. sur un esti de temps sur le p’tit piton!

Je me questionnais aussi à savoir quel « silence » de communication ça peut représenter une pause de Facebook mondiale pendant une heure. Imaginez toutes les conversations qui passent en une heure, le nombre de photos de chats, la quantité de vidéo d’imbéciles qui se plantent… C’est pas rien. Maintenant ça fait tellement partie de nos vies, on ne réalise plus l’impact.

Moi j’vote pour qu’on retourne au télégramme. Y’avait quelque chose d’organique là-dedans, quelque chose de palpable. Ça prenait plus de temps, mais quand tu recevais ton message tu devais l’apprécier d’avantage. Pis qui sait… peut-être que ça ramènerait les indiens en même temps; nos cousins Français seraient bien content quand ils débarqueraient nous rendre visite :)