Pages

21 août 2013

Dur labeur

Ça nous arrive tous de nous imaginer, de temps à autre, et pour certains plus souvent que la moyenne, de pouvoir faire autre chose de nos journées, de faire un travail différent. Prenez-moi par exemple. Et là vous aurez compris j’espère, gang de fuckés, que je ne veux pas me faire prendre par vous tous, ai-je vraiment besoin de préciser? Sérieusement, je fais un boulot assez, comment dire, choisissons les bons mots… un travail qu’on pourrait qualifier de légèrement « statique ». Non sérieux, y’a que mes yeux qui spin dans le beurre non-stop, mes doigts qui bougent beaucoup, mes avant bras moyennement, et mes épaules pas du tout. Mes pieds tapent un peu ici et là pour sortir le stress, mais le reste du corps, est, avouons le, pour tout dire inutile. Je crois que, si ce n’était de la gourmandise et du plaisir de manger, qu’une seule tranche de Singles pourrait me fournir toute l’énergie nécessaire à fonctionner 8 heures durant…


Et non seulement je « bouge » à peine physiquement parlant, mais je « déplace » rien non plus. Mes mains ne créé absolument rien. Je manipule que des choses virtuelles… qui n’existent pas vraiment dans la vraie vie. C’est fucké quand on y pense, non? L’énergie que je dépense n’a à peu près aucune fin concrète utile. Au temps des hommes de cavernes, toute dépense d’énergie avait son retour direct soit en gain de nourriture, dans l’obtention d’un toit protecteur, dans une bataille pour sauver sa peau... ou dans la satisfaction de la maitresse de caverne... Moi, si on me transposait tel quel à cette époque, et qu’on me demandait ce que je fais dans la vie qui pourrait aider, je serais d’une inutilité absolue. On me tuerait sur le champ, question que je ne gaspille pas de l’énergie. Ça, ça me laisse songeur parfois…

Y’a des jours où j’aimerais rentrer à la maison la craque en sueur, avoir les mains sales, les biceps fatigués d’avoir forcé toute la journée, et les pieds en compote, mais avec l’impression d’avoir « créé » quelque chose. Faire de quoi de mes deux mains, quelque chose de concret, du solide. Construire, réparer, soigner, cueillir. Avoir touché du bois, d’la roche, de l’eau… être gynécologue! Tsé?!

C’est sûr que mon environnement de travail offre aussi des avantages : il fait froid été comme hiver, j’suis entouré d’un bourdonnement « constant », et c’est surtout pas la météo qui peut m’empêcher de travailler fort. Humph…

Je sais bien, l’herbe est toujours plus verte chez le voisin, et les boulots du genre ne sont pas tous très drôles non-plus. Plusieurs paieraient cher pour être à ma place j’en suis sûr. Mais me semble que ferait du bien, juste d’essayer un peu… pour voir. En attendant, j’essais de combler ce vide après ma journée de travail, à la maison, en réparant, jouant, cuisinant… et satisfaisant la maitresse de caverne…

Sur cette petite réflexion, je vous laisse… ma Singles m’attend.

15 août 2013

Le campeur sachant siffler


J’ai tendance à remarquer certains petits détails parfois, qui peuvent m’inspirer passablement, des fois même un peu trop.  Il y a deux jours, j’entrais très tôt au bloc sanitaire numéro quatre du secteur des Érables au camping du parc Orford pour y faire ma petite besogne du matin (et vlan pour les détails, on situe la scène…), et je croise un type dans le bloc, qui venait probablement de faire sa petite affaire du matin lui aussi, et qui se dirigeait vers l’évier. Habituellement les gens qu’on croise dans ce genre d’endroit humide et glauque sont plutôt réservés, discrets, et ce surtout le matin. Mais pas lui.

Ce qui m’a le plus perturbé, c’est que le gars sifflait. Mais pas le genre de petit sifflement d’une promenade dans les bois, qu’on tait habituellement par gêne dès qu’on croise un randonneur. Pas un petit sifflement du genre j’suis dans la douche et j’oubli mes soucis. Le gars il sifflait, là là. Il turlutait gaiment. Il s’accompagnait d’une ritournelle hystérique. Pour tout dire, il sifflait en tabarnak. Tellement que j’me suis demandé, entre deux poussées, ce qui pouvait amener un homme à siffler de même aussitôt le matin en camping.

Premièrement, on s’entend que le lever du corps le matin en camping c’est pas ce qu’il y a de plus joyeux, surtout dans la section « tentes only ». Ton corps ne déplies plus, t’as une énorme envie de pipi, t’as dormi avec ton linge d’la veille au soir, pis tu pues la boucane de feu de camp. Ça prend 2 heures faire bouillir de l’eau pour te faire un café, faut que t’ailles à la pêche dans la glacière pour trouver le beurre, pis tu veux lire les nouvelles mais ton cellulaire n’a plus de batterie. Quels sont donc les scénarios possibles pour que notre hurluberlu chantonne tout de même autant?

Peut-être était-il particulièrement fier d’avoir réussi à partir son feu la veille avec le bois mou et humide acheté au double du prix de vente suggéré au centre de service, avec seulement un paquet d’allumettes humides. Non mais c’est important ça, pour l’orgueil mâle. Moi en tout cas, je siffloterais je crois, mais peut-être pas jusqu’au lendemain.

Peut-être a-t-il, comme moi, fait sa promenade du matin et monté une petite montagne. C’est pas grand-chose, mais voir le soleil le lever par-dessus les autres montagnes, à quelques 600m, après une rude randonnée dans un sentier difficile, à 6h30 du matin, c’est grisant. Moi je chantonnais presque…

Une autre possibilité éloquente, à laquelle tout le monde a pensé en premier : il a entrepris de conquérir sa dame en Cro-Magnon sous la tente, dans la position des « pamplemousses applaudissant », et elle a été très satisfaite de son ardeur. Mais dans ce cas c’est plutôt elle qui siffloterait, lui se serait plutôt rendormi, avec la fierté du guerrier au devoir accompli.

Ce que je crois plutôt qui l’a rendu dans cet état est fort simple, j’aurais dû y penser tout de suite. Il a simplement fait ce qui rendrait tout homme heureux et serein au point de siffler comme un pinson des jours durant. Il s’est assis la veille au feu, entre-amis, avec un sac de peanuts en écailles, et s’est ouvert une somptueuse bière de micro-brasserie québécoise qu’il a partagé.  Si ça, ça vous mets pas la larme à l’œil… et le goût de siffler!