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20 juin 2013

Histoire de pêche...

La p’tite brume mystérieuse sur le lac miroir, qui semble descendre de la montagne et se déverser sur les eaux. Le chant d’un oiseau jamais entendu au loin, bien à l’abri des grands sapins. La rosée qui perle de partout sur les arbres, les rochers, et le quai. L’air frais et humide de la nuit qui laisse place aux premiers rayons d’un soleil qui s’annoncent particulièrement intense.

Un lait au chocolat bu en vitesse, une beurrée de beurre de peanut avalée en trois bouchées, les vers sortis du frigo où ils dormaient paisiblement, et l’équipement qui dévale la pente du terrain pour embarquer dans la chaloupe. Les amarres sont largués, le moteur commence à faire bouillonner l’eau et remue la vase dans le fond du lac cristallin… quelques menés se sauvent au pas de course, et c’est un départ.

L’embarcation fend le lac sur la longueur, laissant derrière elle un sillon en « v » qui s’évanoui au loin. Kaflic, kafloc... Y’a une petite brise fraîche, qui nous réveille la face tout doucement. Un faucon nous survole bien haut, tentant de repérer sa prochaine proie, et de nous la voler du même coup. Saine compétition, on verra bien qui rentrera bredouille...

On ne jase pas beaucoup, ça serait déplacé dans la quiétude de ce lieu sacré. Quelques photos pour immortaliser le moment, et les lignes sont mises à l’eau. Et là, on attend, à l’affut… Patience. Tous les sens sont en éveil, on ne fait plus qu’un avec le lac.

C’est ça que j’aime de la pêche.

Ça… mais aussi, bien évidemment, l’ouverture de la première Budweiser à 9h qui fuck le silence ; Pichsttt! Le sonar pas de batterie, le pêcheur pas d’bobettes. Les vagues de mongol. Criss, a'bouffé mon ver. L’enfant qui a entendu des choses qu’y’aurait pas dû. Le gars qui pisse au boute d’la chaloupe. La ligne pognée dans l’hélice. La manivelle du reel lancée à l’eau. L’histoire du lapin avec d’la marde dans le dos. Le gars avec un hameçon dans l’cul. Le gros rot d’la mort avec son écho. Le pêcheur fantôme dans sa chaise de patio. Le gros criss de papillon de nuit mutant. Les ostis de poissons blancs. L’esti de grosse branche. Le gars ben fier d’avoir pogné LE trophée d’la fin de semaine… pis le même gars qui vomit su’l bord d’la route en r’venant.

Quand est-ce qu’on r’commence?