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18 décembre 2013

Songes d’un massage d’hiver

Hier je m’étais booké un p’tit massage, question de me gâter de moi à moi, et de relaxer avant le début des fêtes. Je m’étais dit que ça serait bien de décompresser un peu, en cette période de l’année plutôt rock’n’roll. Voici mon expérience.

Tout d’abord, pour le timing, on repassera. Une grosse crisse de neige molle tombait en sortant du travail, avec comme résultat que ça me prend 1h30 d’autobus pas confortable pour me rendre à la maison, avec la p’tite nausée gratuite qui s’en suit. Là j’finis par arriver chez nous, me disant que j’ai le temps de prendre une douche avant de repartir, et je vois-tu pas que les tracteurs sont en train de tasser la neige pour le passage de la souffleuse sur ma rue. Oh stress. Parce que si je pars pas avant que la souffleuse arrive, je pars pas « point », je vais être bloqué dans mon Tempo à regarder mes lumières de noël pâlottes. Mais finalement, la chance me sourit, la rue est déserte, et je peux donc partir, encore un peu humide, bien stressé et mes Kamik au pied. J’arrive tout juste à temps, après quelques dérapages contrôlés. J’entre donc chez la dame, on jase trente secondes par politesse (les enfants vont biens?), elle me pose les questions d’usage (As-tu mal quelque part? On y va plus thérapeutique ou détente?), et on débute.

- J’vous laisse vous préparer, je reviens dans 5 minutes.
-Ok merci.

Je retire donc mes bottes Kamik qui m’arrivent au genou, mon manteau, ma tuque, mon foulard, ma veste, et le reste du linge que je trouve en dessous de tout ça, et je m’étends sur la table sous la couverture, en tenu on-ne-peut-plus décontracte, et je me fous la face dans le trou de beigne. Quelques instants après, je l’entends revenir.

-Faites pas le saut, j’ai un peu les mains froides, je reviens tout juste du dentiste et j’arrive pas à me réchauffer, désolée...
-ok (génial…)

Heee criss, je fais le saut, mes orteils crochissent. Mais bon, ses mains se réchauffent assez rapidement, et j’essais de me détendre tant bien que mal. Et c’est là que ça part en vrille. Je crois que mon cerveau n’a jamais vraiment compris le sens du mot « détente ». ..

« Bon bon bon, faut que je relaxe. Respire mon homme, et apprécie le moment. C’est du temps juste pour toi, tu le mérites. Change-toi les idées en attendant, tiens. À quoi j’pourrais bien penser pour ça? C’est pas les choix qui manquent dans le fond. Faut juste éviter de penser à ma blonde, avec ces mains qui se promènent sur moi, j’voudrais pas finir par faire « le tipi ». Ah tiens, la bière. Un sujet passionnant, et très matériel.  Justement, faut que j’en achète pour le réveillon du 24. Mais là j’amène quoi? Y’aura plein de monde, pas vraiment le temps pour une dégustation…  Et il faut de quoi d’assez générique, sans arriver avec une caisse de Labatt 50 pis avoir l’air mononcle. Ouain j’sais plus si c’est une bonne idée finalement. C’est plus compliqué que je pensais… Hé misère!»

-Ça va? La pression est correcte?
-Mmmouii (du fond du trou de beigne).

« Bon, elle est rendu en dessous des pieds. J’adore cette partie du massage, car après tout, les pieds, on les sollicite tout le temps. Mais c’est le « après » qui me gosse un peu, à cause de l’huile. Tsé l’été, tu dérapes dans tes gougounes en te levant, c’est dangereux. Pis l’hiver, tu mets tes pieds chauds et graissés dans tes bas de laine, pis tu rentre tout ça dans tes grosses bottes. C’est un peu comme si tu t’étais mis le pied dans une marmotte… »

-Si jamais il fait trop chaud dans la pièce, dis-le-moi, j’ajusterai.
-mmmokk…

« Woup houp houp, me semble que sa main est allé un p’tit peu plus loin sur la fesse, ce coup là, non?… Ça dû déraper à cause de l’huile j’imagine. C’est pas que c’est désagréable, mais on frôle la limite de ma zone d’aisance en nudité publique, là. D’ailleurs, je me demande si y’a des règlements stricts à ce niveau dans l’ordre des massothérapeutes? Y’a surement quelque chose comme une « Zone de dégagement minimale en bordure de la raie », en centimètres, ou quelque chose du genre… »

-Si tu veux te retourner et descendre un peu, on va faire la tête et les bras.
-mmouiiiii

J’me retourne mal habillement sous la couverture qui me colle au cul, la face toute engourdie d’avoir passé 30 minutes dans le trou de beigne, et j’me dis que j’dois avoir une sale gueule.

-T’es pas mal tendu, tu ne devrais pas attendre autant avant de revenir.

« Non mais ça me stress toujours moi, un massage. J’ai peur de trop me détendre, et de péter. J’veux pas non plus m’endormir, pis pas sentir que ça me fait du bien. Tsé si tu te réveilles pis t’a rien senti… à quoi ça aurait servi? Pis c’est dont énervant de pas savoir à quoi penser pour se changer les idées. C’est comme dans une chaloupe à la pêche, sauf qu’au moins tu peux te concentrer sur la ligne. Là faut comme performer créativement mais avec le cerveau qui baigne dans l’huile, c’est pas évident …»

-J’ai terminé…J’te laisse quelques minutes, et je reviens…
-hummppffhhh

Sur ce, je me lève mollement, un peu étourdi, et enfile mon linge par-dessus mon corps bien gras. Elle revient, on échange paiement et reçu avec nos mains huileuses, j’enfile mes marmottes, et je sors. Je m’assois dans l’auto, le dos me crispe parce qu’il fait -30, mes fesses rentrent par en dedans, les doigts gèlent bien dur sur le volant glacial, et j’retourne à la maison, dérapant ici et là.

Enfin, je m’assois devant la télé, et j’m’ouvre une bonne bière… pour relaxer.


8 décembre 2013

The show must go on.

En ce beau dimanche après-midi de décembre pas de neige, quoi de mieux que d’aller assister à un pestacle de noël pour enfants dans un petit auditorium miteux de Saint-Hubert. Pas par choix, pas par envie, mais par obligation familiale, lire conflit d’horaire. Bref, voici mon témoignage.

J’sais pas si c’est parce qu’on annonce d’la neige le lendemain, mais en rentrant dans la salle, on sent comme un buzz. C’est trop tranquille, le silence est terrifiant, le sang me glace. Mais ça prend pas 2 minutes, que le son s’élève et qu’on pogne le 80 décibel. Ça se bouscule pour avoir une bonne place. Ça bourdonne rare. Les petits sont fébriles, énervés, presque épeurants. Moi-même, j’ai bourré les enfants de collations pour pas qu’ils aient faim pendant le show, sauf que là je pense que le sucre monte en meringue, et les yeux leurs sortent des orbites. Ils se tapent dans les mains, chantent des ritournelles, rient en parlant de pets. J’ai beau leur dire de relaxer, ils ne m’entendent même pas. J’me demande moi-même si j’suis vraiment là en ce moment.

D’un côté de la salle, une dame se met à crier le nom d’une mère de famille, avec probablement la fille de la dame en question à son bras, qui hurle de peur, d’avoir visiblement perdu sa mère. Elle l'appelle dans la salle, en essayant d'enterrer la gang de mongols, en vain. Elle retourne bredouille, et je crois que la fille ne reverra jamais plus sa mère. J’suis terrifié.

Les gosses en arrière de nous sont carrément débiles. Ils montent sur le banc, descendent du banc, le banc claque, ils remontent sur le banc,  descendent du banc, le banc claque. Et ça recommence comme ça sans arrêt pendant 15 minutes. Je vois au loin de la terreur dans les yeux des quelques pères qui se demandent, eux aussi, l’air hagard, comment ils ont bien pu aboutir ici. Pis là, sans qu’on s’y attende, ahhhhh! Une p’tite crisse de face se pointe en surprise entre mon banc et celui de ma fille… Criss que je fais le saut. Une chance, elle repart aussitôt.

Y'a comme de la houle, la salle bouge j'suis sûr. Un moment donné je crois voir le petit gars qui faisait tourner des assiettes par terre en tapant des mains dans un film sur l’autisme qu’on avait vu au secondaire. Les oreilles me sillent, j'entends pas plus loin que 3 bancs autour de moi. On dirait un show rock, pis c’est pas encore commencé. J’suis même pas mal sûr de voir un autre p’tit débile se faire une ligne de coke sur son banc. Les deux p’tits tannants en arrière de nous ne lâchent pas. La petite Coralie surtout, que sa mère ne cesse de rappeler mollement à l’ordre, j’suis à veille d’aller lui péter la gueule...

Cris de détresse au loin. Une mère un peu débile décide de taper des mains pour appeler le groupe. Soit elle en a assez comme moi, soit c’est une vieille crisse de groupie. Mais une chose est sûre, tout le monde embarque, et là c’est l’euphorie. On pogne le 90 dB. J’ch’tu venu voir les Rolling Stones pis je le sais pas moi là? Le rideau fini par se lever, sur une méga grosse boule disco, et 4 vieux pètes se pointent avec des tuques de noël. Ça va être mémorable…


5 décembre 2013

Le côté obscur

Hé misère. J’suis déjà sur la pente descendante. Une ombre noire envahie mon esprit et me tourmente. Je passe tranquillement mais assurément du côté obscur de la force. On the dark side of the moon. Oh, j’étais bien parti cet automne, c’est vrai. J’étais fier de moi, ou presque. Et je m’encourageais en me disant que c’était important de tenir jusqu’en décembre, en prévision des fêtes. J’étais mieux avec moi-même, presque en paix. Mais c’était une grave erreur. J’ai sous-estimé l’ennemi, et là je sens qu’il rassemble ses forces. Ben oui toé, j’ai recommencé à manger des cochonneries.
Le truc c’est que mon sublime cerveau a déjà commencé à se convaincre que puisque j’allais de toute façon tricher tout plein et reprendre du poids pendant les fêtes, et bien à quoi bon tenir jusqu’à là, hein? Ce qu’il est fort, n’est-ce pas… Qu’est-ce que je peux répondre à ça? Toute tentative de résistance est vaine.

Je crois d’ailleurs que tout a commencé avec l’osti de sac de chips Cape Cod du Costco y’a deux semaines. Il est tellement gros ce criss de sac-là que je n’arrive pas à passer au travers; j’suis sûr que c’est un sac sans fond. Ça en vient presque un défi personnel de le finir, auquel je voue toutes mes énergies… et mes soirées. J’me sens comme une p’tite grosse qui se console dans un pot de crème glacée. Sauf que moi ça fait ça crounch, et j’ai même pas de bonne raison. Tous les soirs le sac m’appelle des profondeurs obscures du sous-sol, où je prends soin de le cacher après chaque snack. Car il sait que je vais finir par venir le chercher jusque dans les ténèbres. Oh oui, il le sait, mon précieux…

Hé que c’est dont difficile de manger « moins » et « mieux ». Avec la température de marde qui aide pas ces temps-ci, quoi de mieux qu’un petit dîner avec les potes le midi pour se r’monter le moral, hein mon cochon? Ce midi encore, les gars m’ont traîné de force. Je m’accrochais à ma canne de soupe que je devais manger il y a deux jours déjà, mais je n’ai su échapper à mon sort. Et quand le serveur m’a demandé ce que je voulais, ça a sorti tout seul, sans même réfléchir; je vais prendre le club sandwich, PIS PEUX-TU CHANGER LA FRITE POUR UNE POUTINE SVP? Bravo champion, dans le mile. Ça c’est du solide. Je regardais le fromage en crotte flotter dans la sauce brune épaisse, pis je pleurais par en dedans. Ça fait que je me suis consolé, avec ma pinte de bière et en parlant d’la prochaine partie de pêche.

L’équation est si simple pourtant, mais on dirait que ça n’entre pas hein? Pourquoi on se fait du mal de même? Pourquoi se trouver autant de bonne raisons de se laisser aller? Ça devrait être si facile de manger moins, et être plus beau. Surtout quand t’a un solide fond question beauté, tsé veux dire…


L’important, c’est d’y aller un jour à la fois. Et je recommence drette là. Ce soir je vais essayer d’être sage, et de pas toucher au sac de chips. Hé merde! Vous voyez, sans même y penser j’ai écrit « je vais ESSAYER… ». Je commence déjà inconsciemment à flancher! Maudit Costco à’marde!!!