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26 avril 2013

Si seulement c’était vendredi...

(Pour vous mettre dans l’ambiance dans laquelle j'ai écris ce qui suit, faites jouer ce clip en background… http://www.theblackkeys.com/videos/gold-ceiling )

Ahhhh si seulement c’était vendredi…

Me semble que j’m’en viendrais travailler sur un osti de temps avec la grosse guit sale des Black Keys à fond dans mes écouteurs, marchant d’un bon pas avec mes souliers de course blancs flash qui clashent trop avec mes jeans foncés. Me semble que je ferais un pitstop au Tim Hortons pour me payer un méchant gros chocolat chaud à 1,87$, pis j’filerais cheap de garder le 10¢ que la caissière m’aurait remis en change, en me disant que ça aurait eu l’air aussi cheap de lui laisser!

Si on était vendredi, j’aurais surement trouvé ma blonde bien belle le matin, pis que j’suis tout le temps obligé de dire aux enfants de se dépêcher de manger pis de s’habiller! Et si en plus on était un vendredi 26 avril, j’aurais bien hâte au lendemain pour faire des rénos toute la journée dans maison avec un bon chum, du plaisir… et quelques bières!

J’aurais surement le goût le soir d’aller magasiner mon nouveau BBQ, mon nouveau set de patio, de faire un tour à la crémerie, d’aller voir un bon film avec un trop gros sac de popcorn trop salé, de fumer un cigare sur le balcon pis d’aller dépenser ma paye chez Costco!

Si c’était vendredi j’me serais surement apporté juste une soupe pour dîner, en me disant qu’y’aura ben un collègue qui me dirais « t’as-tu ton lunch? » pis que j’aurais pu répondre « oui, mais juste une soupe en canne, ça s’garde bien »! Pis j’pense que j’aurais amené un gros sac de chips mexicaines pis des bonbons pickés à mes enfants à partager avec les chums d’la job, question de maintenir le taux de cholestérol collectif!

Si on était vendredi, j’aurais pris une couple de bonnes bières de micro-brasserie la veille, assez pour me donner le goût d’m’en claquer encore une couple aujourd’hui pour fêter la fin de semaine. J’aurais une envie de poutine italienne, de musique, de plaisir, de voir du monde, de faire le party, mais surtout bien hâte qu’il soit 16h!

Et vous, de quoi vous auriez envie si c’était vendredi?

18 avril 2013

Boston, Corée, et autres calamités…


Il suffit parfois d’une toute petite chose pour vous faire voir le monde différemment…

Ces jours-ci, on est plutôt envahis d’images négatives. J’dirais même bombardés, mais le choix de mot serait légèrement douteux. Attentats, menaces de guerre, incendies mortels, les Canadiens qui arrêtent pas de perdre (!)… Pour les âmes sensibles, le monde semble en train de s’écrouler. J’dis pas que tout ce qui arrive ne me touche pas, au contraire, j’suis pas différent des autres, mais c’est plus comment on y réagit qui me laisse songeur.

J’entends presque tous les jours des phrases comme « le monde est malade », « ca a pu de bon sens », et même « où est-ce qu’on s’en va ». Excusez-moi d’être casse-pied, mais j’trouve ça un peu naïf… Depuis qu’il existe, l’être humain évolue sans aucun doute, c’est vrai, mais il n’a pas changé tant que ça « récemment ». Impossible qu’il ait pu s’enlaidir si rapidement. Du moins, pas le temps d’une vie d’homme. Quand j’entends ma mère dire que le monde est rendu fou, j’me dis à l’intérieur que c’est quand même à son époque qu’il y a eu 2 guerres mondiales… pas à la mienne. Mais si ce n’est pas l’homme qui a changé tant que ça, pourquoi cette impression généralisée? Je crois personnellement en une chose: que les médias et les moyens d’accès à l’information, eux, ont trop évolués, et pas nécessairement en bien.

De nos jours, quoi qu’il arrive, on le sait. Pis on le sait en tabarnak, s’cusez l’expression. On nous le met dans la face quand une horreur se produit. Faut le voir. Faut presque le sentir. Le ressentir. Faut avoir l’impression d’y être. On nous dit que c’est juste pour bien nous informer, dans un souci de transparence; mais moi, je n’ai vraiment pas besoin de voir le sang couler d’un tibia mis à nu, et de la peur dans les yeux des victimes. Ça ce n’est plus de l’information… c’est du voyeurisme, presque de la perversion. C’est le film « Décadence », mais de la vraie vie. Et ça nous ébranle solidement.

Et c’est là exactement le but du terrorisme; « terroriser ». Et quoi de mieux pour se faire, que de regarder en boucle des vidéos de gens qui souffrent, juste pour être bien sûr d’avoir tout vu. Les images qu’on a vu de Boston, ce n’est pas les morts vous avez remarqué, mais les gens qui souffraient… parce que c’est plus terrorisant une plaie à vif, ça fait plus mal. Et quand ça atteint notre conscience, notre âme, et même nos convictions, c’est signe que ça fonctionne. Les médias profitent de notre faiblesse, la curiosité, et nous, en bon surfeurs des médias sociaux, on contribue en plus à ce terrorisme en partageant, en faisant circuler ces images. On « like » les images trash, on retweet les scènes les plus horrifiantes, on souhaite la mort aux responsables dans nos commentaires. On fait partie de la machine dans le fond…

Comme tout le monde je regarde un peu les nouvelles, je me tiens informé. Mais pas trop quand même. Pas de ce genre de nouvelles là en tout cas. Pas que je veuille me mettre la tête dans le sable, ou faire semblant qu’il se passe rien, mais plutôt parce que sais que ça ne m’apporte rien de bon, et que je ne veux surtout pas contribuer à cette terreur négative en l’enrichissant. Je choisis plutôt, dans ma vie de tous les jours, de partager du bonheur, aussi futile qu’il soit. Comme la bonne bière que j’ai bue hier soir, qui m’a fait plaisir et que je vous suggère. Ou une photo de ma dernière recette de caramels qui a fait bien des heureux…

Vous direz peut-être que je suis songé aujourd’hui? Mais toute cette réflexion part d’une simple petite chose, qui aurait très bien pu me passer sous le nez. Ce matin, j’entre dans le bus, je m’assois, et on part. Quelques secondes plus tard, je remarque une jeune fille qui parle au téléphone, un peu encore endormie, en regardant dehors par la fenêtre. Et c’est là que je l’ai vu. C’est là que la vision du monde que j’avais à ce moment bien précis a changée. Ça n’a duré qu’un très court instant, mais ça a fait ma journée. La jeune fille qui parlait au téléphone, et bien elle a sourit. Pas à moi, mais pour elle-même. Et pas un sourire ordinaire; plutôt un de ces sourires spontanés, vrais, francs et évidents, qui ne peuvent trahir qu’un pur bonheur, une belle émotion positive. Je ne sais pas ce dont elle parlait, ni avec qui elle le faisait, mais à ce moment précis, elle était bel et bien heureuse, et moi j’y ai vu le bon côté de l’être humain. Ça m’a convaincu qu’au fond de nous tous, il y a du bon, et ça, ça ne changera jamais. Aucune évolution, aucune terreur ne pourra nous l’enlever complètement. Et ça m’a fait un grand bien. Tellement que je me suis dit que « ça », j’aurais envie de le partager, d’en parler.

On a certainement pas tous le pouvoir de changer le monde, ou de le rendre meilleur, moi le premier, mais on peut assurément choisir en tout cas quelle couleur on va personnellement y apporter, et de quelle histoire on va parler.

16 avril 2013

Le temps mort


Plus on vieilli, plus le temps semble passez vite, c’est connu. Je me rappelle de mes étés d’enfance, où j’avais l’impression que deux mois en duraient six. Une soirée en famille ou entre amis, c’était comme une fin de semaine. Une année d’école, ça c’était looonnnggggg. Et ironiquement, tous ce que je souhaitais cet âge là, c’était que le temps aille le plus vite possible; pour grandir, avoir plus de droits, ou que ma fête arrive enfin. Si seulement j’avais su… J’aimerais parfois pouvoir aller dans le temps me sacrer une taloche en arrière d’la tête… (comme pour les fois où, ado, je ne mettais pas ma tuque l’hiver… mais ça c’est une autre histoire).

Ce midi j’étais sur le coin d’une rue, où le feu de circulation venait de passer au rouge, et je me suis surpris à presque prendre mon iPhone dans ma poche, question de passer le temps en attendant la lumière verte. Pathétique vous me direz! Mais je me suis retenu, surpris par moi-même, alors qu’une honte gênante m’envahissait rapidement. Je me suis senti comme Frodon (Le Seigneur des anneaux), qui luttait à se retenir de sortir son anneau maléfique de sa poche et de le glisser à son doigt. C’est là que j’ai réalisé que non seulement je suis accro à cette maudite bébelle, comme bien des gens, mais aussi et surtout que des temps morts, ça n’existe presque plus pour moi.

Que je sois au toilettes, au terminus d’autobus, en train de déjeuner, et maintenant debout au coin d’une rue, j’ai toujours quelque chose à lire, à visionner, un message à envoyer, ou un jeu auquel jouer. N’importe quoi pour me faire tourner la tête, me stimuler les neurones inutilement, et me fatiguer les yeux. C’est pas un peu débile ça?

En plus, je me donne l’impression qu’ainsi je « rentabilise » mon temps. Mais je le sais très bien que c’est pas tout à fait vrai… Est-ce vraiment rentable de passer des heures par semaine sur Facebook, Cyberpresse ou Candy Crush? On peut en douter. Et du coup, c’est quoi le vrai besoin de rentabiliser ce peu de temps? J’suis si dans le rouge que ça? La vérité c’est que je ne sais plus bien vivre ces petits moments qui me sont offerts, tout en me plaignant que je n’ai plus le temps de rien faire… Hé misère.

Je prends aussi conscience que je ne m’arrête même plus pour regarder passer le temps. J’me souviens plus c’est quand la dernière fois que j’ai vraiment rien fait, juste pour le plaisir. Le iPhone n’est jamais bien loin, sinon la télé ou l’ordi. Faut dire qu’il est maintenant étrange de pouvoir associer « plaisir » et « rien faire », c’est presque un non sens aujourd’hui. C’est si facile de se trouver quelque chose à faire, quand t’as le monde entier au bout des doigts… (et là j’parle pas de se donner du plaisir, j’espère que vous me suivez toujours…)

Au moment d’écrire ceci, je paierais cher il me semble pour qu’une seule soirée me semble infinie, qu’une fin de semaine me semble une année… mais surtout que je puisse réapprendre à en savourer chaque minute de libre.

Bonjour, je m’appelle Luc, et je suis en manque… de temps.

8 avril 2013

Printemps-de-Marde

Maudit printemps plate de criss. Yé où l’osti d’soleil, hein??? Non mais c’est-tu assez plate comme température? J’suis certain que le nombre de voyages dans le sud est en hausse, tout comme le taux de suicide chez les dépressifs. Tu r’gardes la météo d’la semaine avec la température qui descend à chaque jour pis t’as le goût d’te tirer une balle!

Non mais tsé le vent du nord, yé tu à veille de changer d’bord tabarnak? Les moineaux sont à veille eux-autres de r’crisser leur camp dans l’sud. J’t’à veille d’avoir un ticket parce que j’enlève pas mon tempo pis que j’roule encore avec mes ostis d’pneus d’hiver. Mon char est tellement sale que les portes ouvrent pu câlisse. En fin d’semaine j’ai enlevé les lumières de noël qui restaient pis j’avais les mains gelées bord en bord. Pis j’ai tellement la face fendue que j’t’à veille d’avoir passé un galon de lipsil calvaire!

Non pis on sait pus comment s’habiller en plus! Sers la tuque, sors la tuque… Criss j’suis mêlé dans mes manteaux! Les bottes de mes enfants sont finies à force de marcher sur l’asphalte pis c’t’à veille de me couter un 2e osti d’suit de skidoo pour finir la saison ciboire!

Non mais tsé, nous là, on demande pas grand-chose; juste un ti peu de bonheur, une once de chaleur dans nos cœurs. C’est tu possible ça? Parce qu’au printemps, nous autres, on a besoin de voir des pâquerettes, d’entendre des cuicuis l’matin, et de voir des chats qui copulent dans’ruelle sur un high de catnip. On a besoin de prendre un verre sur une terrasse au soleil pour oublier l’hiver qui nous a marché su’le corps. Mais là oubliez-ça, y sont à veille d’annuler la saison des terrasses, parce qu’elle sera même pas assez longue pour en valoir la peine…

Fred la marmotte l’avait prédit, mais pourtant on voulait pas y croire. Facque là on l’a din dents en esti... On sort nos criss de lunettes de soleil juste pour se protéger du vent câlisse. Heille on parle pu d’un printemps tardif, c’est un Printemps-de-Marde! Reste plus que la bonne bière pour sauver nos âmes...