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18 avril 2013

Boston, Corée, et autres calamités…


Il suffit parfois d’une toute petite chose pour vous faire voir le monde différemment…

Ces jours-ci, on est plutôt envahis d’images négatives. J’dirais même bombardés, mais le choix de mot serait légèrement douteux. Attentats, menaces de guerre, incendies mortels, les Canadiens qui arrêtent pas de perdre (!)… Pour les âmes sensibles, le monde semble en train de s’écrouler. J’dis pas que tout ce qui arrive ne me touche pas, au contraire, j’suis pas différent des autres, mais c’est plus comment on y réagit qui me laisse songeur.

J’entends presque tous les jours des phrases comme « le monde est malade », « ca a pu de bon sens », et même « où est-ce qu’on s’en va ». Excusez-moi d’être casse-pied, mais j’trouve ça un peu naïf… Depuis qu’il existe, l’être humain évolue sans aucun doute, c’est vrai, mais il n’a pas changé tant que ça « récemment ». Impossible qu’il ait pu s’enlaidir si rapidement. Du moins, pas le temps d’une vie d’homme. Quand j’entends ma mère dire que le monde est rendu fou, j’me dis à l’intérieur que c’est quand même à son époque qu’il y a eu 2 guerres mondiales… pas à la mienne. Mais si ce n’est pas l’homme qui a changé tant que ça, pourquoi cette impression généralisée? Je crois personnellement en une chose: que les médias et les moyens d’accès à l’information, eux, ont trop évolués, et pas nécessairement en bien.

De nos jours, quoi qu’il arrive, on le sait. Pis on le sait en tabarnak, s’cusez l’expression. On nous le met dans la face quand une horreur se produit. Faut le voir. Faut presque le sentir. Le ressentir. Faut avoir l’impression d’y être. On nous dit que c’est juste pour bien nous informer, dans un souci de transparence; mais moi, je n’ai vraiment pas besoin de voir le sang couler d’un tibia mis à nu, et de la peur dans les yeux des victimes. Ça ce n’est plus de l’information… c’est du voyeurisme, presque de la perversion. C’est le film « Décadence », mais de la vraie vie. Et ça nous ébranle solidement.

Et c’est là exactement le but du terrorisme; « terroriser ». Et quoi de mieux pour se faire, que de regarder en boucle des vidéos de gens qui souffrent, juste pour être bien sûr d’avoir tout vu. Les images qu’on a vu de Boston, ce n’est pas les morts vous avez remarqué, mais les gens qui souffraient… parce que c’est plus terrorisant une plaie à vif, ça fait plus mal. Et quand ça atteint notre conscience, notre âme, et même nos convictions, c’est signe que ça fonctionne. Les médias profitent de notre faiblesse, la curiosité, et nous, en bon surfeurs des médias sociaux, on contribue en plus à ce terrorisme en partageant, en faisant circuler ces images. On « like » les images trash, on retweet les scènes les plus horrifiantes, on souhaite la mort aux responsables dans nos commentaires. On fait partie de la machine dans le fond…

Comme tout le monde je regarde un peu les nouvelles, je me tiens informé. Mais pas trop quand même. Pas de ce genre de nouvelles là en tout cas. Pas que je veuille me mettre la tête dans le sable, ou faire semblant qu’il se passe rien, mais plutôt parce que sais que ça ne m’apporte rien de bon, et que je ne veux surtout pas contribuer à cette terreur négative en l’enrichissant. Je choisis plutôt, dans ma vie de tous les jours, de partager du bonheur, aussi futile qu’il soit. Comme la bonne bière que j’ai bue hier soir, qui m’a fait plaisir et que je vous suggère. Ou une photo de ma dernière recette de caramels qui a fait bien des heureux…

Vous direz peut-être que je suis songé aujourd’hui? Mais toute cette réflexion part d’une simple petite chose, qui aurait très bien pu me passer sous le nez. Ce matin, j’entre dans le bus, je m’assois, et on part. Quelques secondes plus tard, je remarque une jeune fille qui parle au téléphone, un peu encore endormie, en regardant dehors par la fenêtre. Et c’est là que je l’ai vu. C’est là que la vision du monde que j’avais à ce moment bien précis a changée. Ça n’a duré qu’un très court instant, mais ça a fait ma journée. La jeune fille qui parlait au téléphone, et bien elle a sourit. Pas à moi, mais pour elle-même. Et pas un sourire ordinaire; plutôt un de ces sourires spontanés, vrais, francs et évidents, qui ne peuvent trahir qu’un pur bonheur, une belle émotion positive. Je ne sais pas ce dont elle parlait, ni avec qui elle le faisait, mais à ce moment précis, elle était bel et bien heureuse, et moi j’y ai vu le bon côté de l’être humain. Ça m’a convaincu qu’au fond de nous tous, il y a du bon, et ça, ça ne changera jamais. Aucune évolution, aucune terreur ne pourra nous l’enlever complètement. Et ça m’a fait un grand bien. Tellement que je me suis dit que « ça », j’aurais envie de le partager, d’en parler.

On a certainement pas tous le pouvoir de changer le monde, ou de le rendre meilleur, moi le premier, mais on peut assurément choisir en tout cas quelle couleur on va personnellement y apporter, et de quelle histoire on va parler.

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