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16 décembre 2015

Devil's Food et camion de pompier



Me r'voilà tu pas à l'épicerie toé par un beau samedi après-midi. Rien de mieux à faire visiblement, y fait frette pis y'a pas de neige. Tsé quand t'as une vie sociale bien remplie... J'ai même passé la tondeuse sur les feuilles mortes que j'avais pas encore ramassé, question de prendre l'air pis de faire la job que j'étais trop lâche pour faire cet automne. Elle était tout folle d'aller faire un tour sur la pelouse dehors en décembre. J'parle évidemment de la tondeuse, pas de ma blonde. Ça faisait drôle de passer la tondeuse avec ma tuque, c'est une première. J'avoue que j'aime ça, le bruit des feuilles séchées qui se déchiquettent sous la tondeuse. C'est écologique et violent, des valeurs qui me tiennent bien à coeur. 

Au centre d'achat, c'est la folie des fêtes, donc pas trop invitant tellement y'a du monde, sauf si t'as vraiment envi de tester ta patience. Aussi bien aller faire l'épicerie, que j'me suis dis. D'ailleurs, je commence à m'y sentir comme dans ma deuxième maison, tellement j'y passe du temps et que j'y dépense de l'argent. D'ailleurs, l'autre jour, dans la salle de bain près des caisses, j'ai laissé ma brosse à dent.

Pour une fois, dans l'épicerie, rien d'étrange à signaler. Même pas de musique de noël. La Sainte-Paix. Par contre, y'a des comptoirs de dégustations avec des vieilles madames au quart de tour, pis y'a des clients qui se bourre la face solide. Le plus drôle c'est de voir les tout croches en "patalon de jogging" goûter les bouchées de rillette de confit de canard sur des biscuits Bretons, et faire semblant de réfléchir à savoir si c'est vraiment assez bon pour en acheter en sachant que c'est trop cher, pis finir par s'en aller avec un paquet de "baloné au cerises" pris dans le comptoir juste à côté.

Je fais donc mes p'tites affaires, j'remplis mon panier tranquillement. J'arrive un moment donné dans une des allées les plus étranges, soit celle de la sauce à spag, du thon en canne pis des mélanges à muffin; toutes des affaires qui ont rien à voir ensemble. J'arrive donc près des trucs à dessert, pis j'me dis que ça serait bon un beau gâteau au chocolat. Je mets mon panier sur le park, en face des assiettes d'aluminium où y’a jamais personne, et je m'installe pour prendre mon mélange à gâteau.  Juste comme je tends la main vers un paquet, je réalise alors que ça va être légèrement plus compliqué que prévu.

Non mais y'en as-tu des crisses de sortes de mélange à gâteau au chocolat?!  Y'a le "Devil's Food", le "Dark Chocolat Fudge", le Milk Chocolat, le Swiss Chocolat, le German Chocolat, le Gluten Free, le Super Moist Chocolat, le Super Moist fondant au chocolat, et sans oublier, le Super Moist Triple Chocolat Fudge.
Non mais pourquoi autant de choix? Me semble qu'un bon gâteau au chocolat, ça devrait tout le temps goûter pas mal pareil, non? Genre, je sais pas moi, le chocolat? C'est quoi l'esti de différence entre du Super Moist fondant et du triple fondant!? À quel point a-t-on besoin que ce soit si fondant? J'imagine que vous allez dire que ça dépend, que y'a un type de gâteau pour chaque type de personnalité. Mais si c'est ça, je fais comment moi pour savoir quel osti de gâteau match avec ma personnalité à moi? Pis là, ça m'a frappé de plein fouet; c'est quoi au juste, "ma" personnalité? Qui suis-je? Qui deviens-je? Où vais-je je?

C'est pas mêlant, j'ai tilté. J'ai cassé. Mon cerveau a pogné un blue screen, pis le reboot a parti tout seul. J'pourrais pas dire combien de temps j'suis resté là à fixer les estis paquets de mix à gâteau. J'suis revenu à moi parce qu'une madame s'excusait pour pouvoir passer dans l'allée avec son gros criss de panier modifié en char de pompier, avec ses deux enfants assis en-dessous sur un rush de dégustations de beignets qui tapaient sur leur stearings pour essayer de faire crier le klaxon défoncé ben raide depuis 1982. Belle invention de marde ces paniers-là by the way; à notre IGA y'en a un rouge, un bleu pis un vert.  Je me souviens que quand les gosses étaient petits, la chicane pognait tout le temps à peine entrés dans l'épicerie pour savoir quelle criss de couleur de panier on allait choisir. En plus d'la guerre parce que y'avait toujours un des deux criss de stearings de pété. Pis ça faisait pas deux minutes qu'on était entrés qu'ils débarquaient pis je me promenais seul avec le truck de pompier, ayant l'air d'un imbécile qui s'ennuie de ses Hot Wheels.

Finalement, pour revenir à notre histoire, j'ai jamais réussi à choisir mon gâteau, j'étais trop angoissé. Qu'a mange d'la marde, Betty Crocker! J'ai fini par me pogner une tarte au citron toute faite dans le rayon des surgelés. D'la croûte dure, du pouding au citron fluo pis d'la meringue qui a l'air du plastique. Simple et chimique; des valeurs qui me tiennent bien à coeur.

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